Plaidoyer pour l’altruisme

Thème : Développement personnel. Bon ce bouquin non plus n’est pas dans la liste de Josh Kaufmann, mais il pourrait faire partie de la mienne. Clairement. Et il mérite notre attention car on en ressort de belles idées.

Titre : Plaidoyer pour l’altruisme

plaidoyer_altruisme

Auteur : Matthieu Ricard (né en 1946) était à la base parti pour des études et une carrière en génétique cellulaire. Et tout comme Albert Jacquard, il s’est « réorienté » (pas grâce à sa conseillère d’orientation…) à la suite de voyages en Inde qui à priori l’ont plutôt positivement marqué. Il est donc installé depuis 1972 dans l’Himalaya et a fait ses classes dans le monde du bouddhisme, puisque c’est aujourd’hui l’interprète français du Dalaï Lama et qu’il n’en est pas à son 1er bouquin philosophique, qu’il a déjà participé à plusieurs campagnes de recherche sur le cerveau, en relation avec ses croyances et ses aptitudes à la méditation. Entre autres il a aussi traduit pas mal d’ouvrages sur le bouddhisme. Il parle donc tibétain cet homme là. Respect.

Date de parution : 2013, c’est d’ailleurs mon cadeau de Noël 2013, que j’ai mis un peu de temps à digérer ! Mais un peu philosophique comme cadeau il faut dire aussi…

Nombre de pages : 775 pages. Oui, bon courage ! Ca explique aussi pourquoi j’ai un peu lutté à finir ce bouquin.

Temps de lecture : indéterminé ! Lu par intermittence…

L’idée en moins de 60 mots : Dans une société où tout est calculé, mesuré, cherchant plus de profit, c’est l’hyperconsommation et l’individualisme qui règnent sans partage. Redonner de la valeur à l’Autre et trouver une résonance avec lui, agir sans retour : c’est ainsi que l’on pourra construire le chemin d’un avenir plus altruiste, plus heureux pour chacun, dans la simplicité.

3 meilleures citations :

« Agis toujours de telle sorte que tu traites l’humain comme une fin et jamais simplement comme un moyen. » Emmanuel Kant

« C’est à chaque homme de décider s’il marchera dans la lumière de l’altruisme créatif ou dans les ténèbres de l’égoïsme destructeur. » Martin Luther King

« La bonté de l’homme est une flamme qu’on peut cacher, mais qu’on ne peut jamais éteindre. »

Notes :

Facilité de lecture : 5/10 – des pavés comme ça, ça se lit parfois très vite, à l’instar de Millenium ou de Harry Potter. Mais quand le discours est sérieux et réfléchi, c’est un peu plus compliqué. Matthieu Ricard développe parfois un peu trop certains passages. Sinon son style est facilement compréhensible.

Dans la tendance actuelle : 9/10 – les sujets abordés (le réchauffement climatique, l’agro-industrie, la formation militaire,…) sont dans les cordes d’un livre très récent, et les nombreuses questions auxquelles tente de répondre M. Ricard sont celles de nous tous. Alors oui, ce livre est bien écrit pour le XXIème siècle.

Pertinence / Originalité des idées développées : 8/10 – quand on aborde les sujets avec le regard d’un moine bouddhiste, l’originalité est au rendez-vous. Bien sûr certaines idées sont retranscrites de débats parfois connus (pour ma part les OGM et le livre de Monier Robin), mais la touche Ricard est un plus.

Applicabilité des conseils : 8/10 – les pistes sont lancées, et elles sont nombreuses. A nous de les attraper et de les développer. Par exemple je me lancerais bien dans une initiation à la méditation, par curiosité. Ce livre n’est pas suffisant dans ce cas, il faudrait je pense compléter cela par une autre lecture.

Note globale : 7,5/10                 

3 actions retenues :

  • Dans sa définition de l’altruisme, Matthieu Ricard distingue clairement l’altruisme en tant que but final – le bien de l’autre est l’objectif premier – de l’altruisme en tant que moyen – je fais du bien pour mon propre bien. Bien entendu l’altruisme comme fin est préférable. Néanmoins il ne faut pas sous estimer ses actes altruistes lorsque notre intérêt est en jeu. On aura toujours participé au mouvement altruiste de notre société. Commençons donc par voir l’altruisme comme un moyen de se faire du bien mutuellement. Les étapes vers l’altruisme « pur » se gravissent petit à petit !
  • Lorsque l’on tente d’expliquer, de transmettre une connaissance à quelqu’un, plusieurs moyens s’offrent à nous. On peut choisir la méthode ferme et autoritaire de l’affirmation par le pouvoir, l’ « élève » n’ayant pas d’autre alternative que de prendre pour valable les idées transmises. C’est une manière plutôt froide d’enseigner, et elle n’est pas vraiment recommandée. C’est plutôt par « l’authenticité, la sollicitude et l’empathie » que devrait passer une idée à transmettre, à inculquer à son « élève ». On peut également parler de méthode inductive. Tentons donc chaque fois que nous expliquons une idée, de garder cette ouverture d’esprit qui ne pourra que faciliter l’accroche de son destinataire et notre propre progrès grâce aux critiques positives qui pourraient être soulevées.
  • En France on a souvent tendance à voir les choses plus sombres qu’elles le sont en réalité. Notamment parce qu’on ne fait pas toujours confiance aux capacités de bonté de l’homme et que l’on voit avant tout ses côtés pervers. Essayons donc de faire jouer la bonté de l’homme plus souvent dans notre quotidien. Car le tout égoïsme que soutiennent certains avec ferveur est faux : une preuve simple est le sentiment de vengeance, suite à une souffrance. Si l’homme était à 100% égoïste, il serait plutôt indifférent et ignorerait l’autre, ce qui est souvent encore plus dur pour l’autre. Mais la vengeance reflète une volonté de marquer l’esprit de l’autre, auquel nous ne sommes donc pas indifférents. Prenons donc l’espoir – peut-être un peu naïf je le concède – de relations humaines plus basées sur cette bonté humaine. Car comme le dit Barbara Fredrickson, « l’amour est indéfiniment renouvelable ».

Synthèse :

L’altruisme, c’est bon ça ?

Avant toute chose, je pense qu’il serait idéal de définir un peu ce qu’est l’altruisme, pour être sûrs que nous partons du même point de départ dans cette discussion ! Dans le bouquin de Matthieu Ricard cela prend une centaine de pages… je vous rassure ici on va faire ça brièvement.

Dans le mot « altruisme » on distingue clairement la racine du mot « autre ». Et c’est bien là l’essentiel. On parle d’altruisme pour décrire des « actes accomplis pour le bien d’autrui au prix d’un risque et sans rien attendre en retour ». Ainsi l’altruisme va donner de la valeur à l’autre et pourra s’accompagner de positif (satisfaction,…) pour l’auteur de l’acte. Il faut bien distinguer les ressentis sur le chemin de l’altruisme : la pitié ou l’empathie ne mènent pas nécessairement à l’altruisme, alors que la compassion beaucoup plus. On parle d’ailleurs souvent de résonance sentimentale pour décrire cela : elle peut être convergente si l’on ressent les mêmes sentiments que l’autre ou bien divergente si un sentiment de recul nous saisit d’abord suivi d’une réaction dans le sens de l’autre (en gros c’était limite pour l’altruisme, mais on s’en sort pas mal finalement !).

L’altruisme pour les puristes ?

Vous voulez être au top de l’altruisme, siéger dans le trône du duc / de la duchesse de l’Altruisme ? Alors il va falloir se remonter les manches, objectif non pas Lune (pour les fans de Tintin), mais altruisme pur !

Prenons un exemple : j’ai 6 ans (pas moi !), on me dit : « si tu débarrasses la table, je t’emmène au cinéma ». Bon déjà c’est plutôt un bon plan, perso il fallait en faire un peu plus pour aller au ciné quand j’étais gamin ! En tous cas nous sommes bien là dans un cas d’altruisme intéressé, où l’acte altruiste se fait dans l’objectif d’un retour (gagnant). On parle également d’altruisme réciproque dans certaines situations (tu fais ça pour moi et en échange je fais ça pour toi). Les raisons de cet altruisme intéressé peuvent être diverses. Ce peut être par peur de représailles, par souci de son image ou tout simplement par intérêt personnel.

On pourra donc franchir les étapes graduellement, en attaquant par de l’altruisme intéressé ou réciproque pour tendre vers l’altruisme pur ! Car comme le dit Matthieu Ricard, « un altruiste véritable n’est pas influencé par l’anticipation des jugements d’autrui et n’est pas motivé par la reconnaissance sociale ».

Mêmes les bestioles seraient altruistes ?

Et oui comme le montre M. Ricard avec de nombreux exemples comme celui de chimpanzés qui viennent consoler le perdant d’une altercation ou encore des expressions de deuil d’éléphants assez étonnantes pour nous, un peu trop pétris d’égoïsme que nous sommes ! Tout cela pour dire qu’il ne faut pas estimer que l’altruisme ce n’est pas à notre portée du fait de nos réactions instinctives ou de nos pulsions. Car mêmes nos confrères les animaux y parviennent avec brio.

Les raisons de notre égoïsme

Pourquoi cette fâcheuse tendance à vouloir regarder notre nombril avant de regarder autour de soi ? Et surtout pourquoi ailleurs certains vivent beaucoup plus au collectif et dans le partage que dans l’individualisme ? Comment en est-on arrivés à passer nos soirées chacun chez soi, en évitant surtout de partager son repas avec le voisin et en regardant tous la même émission de télé niaise, quasiment un écran par personne ? Chez nos amis américains, où cela est parfois poussé à l’extrême, on trouve certaines inspirations égoïstes dans les théories d’Ayn Rand notamment. Car finalement pourquoi aider les plus démunis si ce sont les freins aux performances économiques de notre société ? Créons un monde de riches intelligents et tout ira bien. Ne gardons que le meilleur et ainsi c’est vers la perfection humaine que nous tendrons. Non ? Quoi ? On se rapproche trop des théories ariennes c’est ça ? Exactement. Et l’on voit très vite où ces considérations peuvent nous mener… Dans des zones très douteuses. Méfiance donc avec le tout égoïsme. Cela ne nous mènerait pas très loin de toute façon ! Comme le dit Matthieu Ricard : « l’individualisme confond la liberté de faire n’importe quoi et la véritable liberté qui consiste à être maître de soi-même. »

Avant de nous épurer de tout notre égoïsme, il serait déjà pas mal de comprendre le cheminement qui peut nous y mener, de façon à rebrousser chemin et reprendre le bon itinéraire : celui de l’altruisme. Voila en tout cas ce que proclame Matthieu Ricard !

Les dangers du « tout à la chaîne »

Lorsque l’on croque dans notre burger (car oui c’est un peu difficile de trouver une carte de restaurant aujourd’hui qui ne propose pas de burger, gourmet ou encore bistro pour les plus tendances…), on retrouve très vite – ou pas et alors il faut changer d’adresse – le bon goût de la viande grillée. Mais mesure-t-on pour autant toute la chaîne d’évènements qui ont permis à ces protéines d’arriver jusqu’à notre bouche ? L’impact environnemental de l’élevage ? La difficile condition de l’agriculteur ? La souffrance potentielle de la vache lors de son passage (un seul suffira malheureusement pour elle…) à l’abattoir ? La quantité d’énergie requise pour obtenir une mince tranche de viande hachée ? Et c’est effectivement un problème récurrent dans notre société où tout est séquencé mais sans interactions entre les maillons de la chaîne. Tout est emballé et prêt à consommer dans nos supermarchés, si tant est que l’on en fréquente encore les rayons tant les possibilités pour tout faire à distance sont nombreuses. Sans regard curieux sur ce que l’on consomme, on accepte tous les moyens pour réduire les coûts de production et par là on accepte de consommer n’importe quoi ! Les nombreuses initiatives de réduction drastique de ces chaînes (retour aux schémas de base du commerce producteur-acheteur par exemple) sont l’illustration (en tous cas dans notre société) d’une volonté de transparence, et même si cela reste une minorité c’est déjà un bon début ! A suivre donc comme issue de secours…

A nouveau pour conclure cette partie une citation issue du livre, à l’intention des – trop – nombreux acteurs de ce système, souvent noyés dans la masse et donc ignorants de leur méprise : « L’ouvrier ne vend que son corps ; le technicien ne vend que son cerveau ; le commerçant vend son âme. » Auguste Detoeuf.

Conclusion : En résumé, ce livre est un beau témoignage de l’engagement fort de Matthieu Ricard pour l’altruisme. Il déroule thème après thème les différents aspects de notre vie et les chemins qui nous éloignent de l’altruisme et nous propose des solutions pour y remédier. C’est le travail de toute une vie, avec certes des contraintes et des efforts à fournir en premier lieu mais très certainement beaucoup de « retour sur investissement » par la suite. La liberté de choisir son destin pourrait passer par là…à nous de voir ce que l’on prend et ce que l’on laisse !

2 pensées sur “Plaidoyer pour l’altruisme

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