Etre investisseur ET intelligent ? C’est possible…

L’investisseur Intelligent : 1ère Partie

Thème : Finances / Patrimoine personnel (non compris dans la liste de Josh Kaufman…mais a largement le potentiel !)

Titre : The Intelligent InvestorL’Investisseur Intelligent

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Auteur : Benjamin Graham (8 mai 1894 – 21 septembre 1976) est un des investisseurs les plus réputés au monde, en grande partie grâce à ses résultats mais aussi pas mal du fait de ses conseils avisés encore distillés aujourd’hui à tout débutant – comme moi – tout autant qu’à des personnes plus expérimentées. Vous cherchez « la Bourse pour les nuls » ? B. Graham a déjà tout écrit…

Il est également l’auteur de Security Analysis et de The Interpretation of Financial Statements. Son aura a touché Sir Warren Buffet, son fidèle descendant, qui a beaucoup appris de ses riches leçons (dans tous les sens du terme riche…).

Même s’il n’est pas l’auteur de ce bouquin mais seulement « commentateur », Jason Zweig n’en apporte pas moins une plus value certaine à la version révisée que j’ai lue.

Date de parution : 1949 (et pourtant c’est encore une tête de liste des bouquins que tout bon trader a envie d’avoir dans sa bibliothèque !)

Nombre de pages : 536 pages, mêlant analyses originales de l’auteur et commentaires plus récents de Jason Zweig

Temps de lecture : 10h…pour quelques 200 pages. Un seul mot : dense (mais riche !)

L’idée en moins de 60 mots : L’investisseur intelligent n’est pas celui qui spécule à tout va et gagne (ou perd !) gros. Il achète quand les valeurs sont sous-évaluées, veille à un bon équilibre de son portefeuille entre actions et obligations, et vise le moyen/long terme pour la majorité de ses titres. Il est raisonnable et sait prendre ses bénéfices (vendre) à temps.

3 meilleures citations :

« L’investisseur intelligent est un pragmatique qui vend aux optimistes et achète aux pessimistes. »

« N’investissez que si vous êtes serein de posséder une action même si vous n’avez aucun moyen de connaître sa cotation quotidienne. »

« Même l’investisseur intelligent doit avoir un pouvoir de contrôle considérable pour éviter de suivre les réactions des foules. »

Notes :

Facilité de lecture : 7/10 – bien sûr c’est de la finance, bien sûr c’est un peu technique, mais un peu de pratique et on comprend pratiquement tout. Et puis une bonne petite relecture ne fera pas de mal pour saisir toutes les subtilités de M. Graham.

Dans la tendance actuelle : 7/10 – date de parution = 1949. Oui c’est vieux et loin déjà, mais la finance a conservé ses bases de fonctionnement et beaucoup des conseils avisés de Benjamin sont encore largement valables aujourd’hui ! Les commentaires de Jason Zweig viennent même les remettre dans le contexte actuel et valider (ou, rarement, infirmer) les propos de l’auteur.

Pertinence / Originalité des idées développées : 8/10 – à l’époque de la 1ère édition, ce fut certainement une sacré révolution pour les 1ers lecteurs. Et ils ont certainement du s’en mettre plein les poches. D’ailleurs la préface de cette édition est signée Warren Buffet. Il lui devait bien ça le petit Warren…

Applicabilité des conseils : 9/10 – bien sûr si vous préférez tout mettre sur votre livret A ou en assurance vie, ce livre sera de faible utilité. Quoiqu’on ne sait jamais pour l’avenir… En tous cas pour tous ceux qui souhaitent investir un peu ou beaucoup en Bourse, il y a son lot de conseils très utiles à trouver. Et c’est applicable dès…tout de suite !

Note globale : 7,8/10                 

3 actions retenues :

  • Même si cela peut être tentant en certaines occasions, notamment lorsque l’on voit grimper les indices phares que sont le CAC40*, le Dow Jones, le NASDAQ,… il vaut mieux éviter d’investir toutes ses économies en Bourse. Pour la simple et bonne raison qu’un bon placement est un placement diversifié. Alors de même qu’il faudra diversifier ses achats boursiers, il faut également diversifier ses placements (Bourse, livret d’épargne, assurance vie,…).

*CAC40 : valeur représentant les cotations des 40 plus grosses capitalisations françaises (Total, Air Liquide, EDF, Renault,…)

  • Soyons lucide sur l’objectif fixé et la trajectoire désirée en Bourse : est-ce simplement pour mieux faire fructifier son fric que sur un livret A à un « taux exceptionnel de 1% » ou est-ce aussi pour comprendre le fonctionnement financier et la santé des entreprises cotées, jouer avec les mouvements de foule et obtenir des scores excitants ? En quelques mots, êtes-vous un investisseur « passif », qui ne va pas acheter et vendre à tout va (placements moyens / longs termes donc) ou êtes-vous un investisseur « actif » qui va profiter des fluctuations des cours pour passer des ordres de ventes / d’achats régulièrement ? Il est essentiel d’adapter ses objectifs et son comportement à son profil.
  • Le plus compliqué en Bourse est certainement de faire fi de ses émotions et d’agir comme un véritable dirigeant d’entreprise, qui mise sur les meilleurs profils disponibles pour faire grandir sa boîte. Évidemment que l’on rencontrera des phases de marchés dépressifs, où quasi tout baisse à l’excès et où l’on peut perdre en virtuel (si l’on ne vend pas…), comme en réel assez gros. Il faudra donc rester imperturbable face à ces réactions impulsives des cours de Bourse et profiter des moments d’euphorie des investisseurs pour récupérer des bénéfices en vendant.

Synthèse : La 1ère fois que l’on ouvre la page internet d’un site d’info boursière, on découvre rapidement toute l’immensité de ce monde là et l’on se dit assez vite que tous ces chiffres c’est à se faire un nœud au cerveau. Oui. Surtout qu’avec internet on a facilement accès aux plus grandes places boursières du monde et donc à des cours d’entreprises des 4 coins de la planète. Évidemment que l’on ne peut pas « humainement » suivre toutes ces cotations tous les jours et les analyser dans le détail pour choisir non pas un des meilleurs mais bien le meilleur placement.

Alors tentons déjà de saisir les « fondamentaux » de l’investissement en Bourse et nous n’aurons normalement pas trop de mal à rendre nos investissements plus profitables qu’un livret A…

Les basiques, enfin une 1ère ballade à Wall Street ou au palais Brongniart

Quelques conseils essentiels partagés par Benjamin Graham ne peuvent pas faire de mal à quiconque. C’est un excellent rappel pour les plus aguerris et une 1ère leçon pour les débutants.

–          Une des idées de bases de l’investissement en Bourse est que l’on passe presque tout le temps par un intermédiaire (une banque, votre conseiller personnel, votre banquier,…) qui prendra nécessairement sa commission sur vos achats. En ce qui me concerne, l’ordre de Bourse me revient entre 6€ et 15€ suivant le pays où est cotée l’entreprise. On peut certainement trouver moins cher lorsque l’on « trade » fréquemment, cependant il faut bien garder en tête que plus l’on est actif sur le marché, plus cela rapporte à notre intermédiaire, que l’on soit gagnant ou perdant. Un peu comme au casino… Les bénéfices ont donc intérêt à être au rendez-vous ! Les commissions seront donc à intégrer dans notre « bilan comptable » et pèsent parfois bien lourd…

–          Spéculer sur tout et tout le temps n’est certainement pas la bonne méthode. Évidemment cela est un peu plus excitant, et on ne souhaite souvent pas investir à 100% dans le long terme en laissant gentiment fructifier nos actions / fonds d’investissements. Alors soyons raisonnables : un ratio de 80% d’actions que l’on ne touche quasiment pas (long terme, sociétés solides par le passé et dont le développement reste encore un peu à concrétiser) et de 20% d’actions que l’on fera régulièrement varier (court terme, sociétés dont le développement reste à venir, un pari sur l’avenir en quelques sortes) pourrait être un bon compromis. Le bon ratio dépend finalement du type d’investisseur que vous êtes : actif ou passif ?

–          Bien qu’il ne faille pas « abuser » des achats / ventes pour ne pas trop se pénaliser en termes de frais, des excellents coups sont à faire dans les moments de doute et d’euphorie des marchés. En effet lorsque les craintes sont de mises et que les investisseurs vendent à tout va, la valeur réelle d’une entreprise n’a pas nécessairement changée. C’est souvent plus simplement que l’effet de foule entraîne tous les cours vers le bas. Acheter des titres d’une entreprise ou des parts d’une SICAV (société d’investissement à capital variable, en quelques sortes un fond d’investissement) dans ces moments là, c’est un peu comme acheter en soldes. Tout est bradé et on peut réaliser de très bonnes affaires ! La preuve en exemple lors de la dernière grosse crise de 2008 : le CAC40 est descendu aux alentours de 2530 points et simplement 6 mois plus tard il était aux alentours de 3740 points. Soit une progression de 47% ! Ou l’équivalent de 40 années de placement au taux actuel du livret A, à 1%… Évidemment on n’achète rarement au plus bas pour revendre au plus haut. Quoique cette fois là le CAC40 est encore monté par la suite. Tout cela laisse songeur, non ?

Investissement CAC40
CAC40 : mars 2009 – Graphiques Boursorama

Investissement CAC40
CAC40 : 6 mois après… – Graphiques Boursorama

Que mettre dans son panier ?

Comme si l’on faisait le marché pour remplir son frigo de bons produits frais et locaux, en Bourse le choix est diversifié et il se renouvelle régulièrement avec des introductions, des fonds nouveaux,… Alors le choix peut paraître complexe. Mais comme disent les entraîneurs de foot (je n’ai pas parlé de Franck Ribéry et de la routourne…), c’est quand même bien mieux d’avoir le choix même si cela nous fait parfois chauffer les neurones.

Je n’ai pas encore parlé des emprunts d’Etat et des obligations. En quelques mots, ces « produits financiers », comme aiment à les appeler les banquiers, vous donnent le rôle opposé que vous pouvez avoir lorsque vous empruntez de l’argent. Dans ce cas, c’est vous qui prêtez de l’argent à un Etat ou à une entreprise, et, si tout va bien, on vous le rendra au bout d’un nombre d’années déterminé à l’avance, avec en plus des revenus réguliers, souvent annuels, qui s’apparentent aux intérêts que vous auriez eu à verser si vous aviez emprunté. D’où les systèmes de notation (le fameux triple AAA,…) qui font tant frémir les François Hollande et autres marionnettes des gouvernements qui sont censés donner objectivement le risque de ne pas être remboursé à la fin du « bail » de prêt.

Tout cela pour dire que posséder à la fois des emprunts d’Etat / obligations et des actions est un bon choix de diversification, car bien souvent les variations de cours des uns et des autres ne sont pas corrélés. Lorsque les taux des obligations / emprunts sont très bas, le marché des actions est bien souvent favorisé car plus prolifiques. Mais ces obligations / emprunts apportent une certaine stabilité à nos investissements. Pour que cela soit plus simple, on peut bien évidemment acheter un fond d’obligations / d’emprunts d’Etat, répartis sur plusieurs zones géographiques par exemple pour minimiser le risque de crise locale (celle de l’Europe par exemple…).

En guise d’introduction…

Vous avez dit introduction ? En plein milieu, comme ça ? Eh bien oui moi je suis comme ça, je prends les devants et je parle d’introduction boursière, ou également IPO (Initial Public Offering) dans le jargon.

Et malheureusement on va s’arrêter rapidement : c’est un méchant tacle à la gorge que formule The Intelligent Investor à l’encontre de ces formules qui ressemblent un peu à du pile ou face. Rappelez-vous l’introduction de Facebook, qui fit un bide complet alors que l’entreprise semblait très prometteuse, avant finalement de retrouver quelques couleurs, mais seulement une année après. Alors soyons très vigilant avec tout ce qui est introduction boursière.

investissement facebook
L’action Facebook à son démarrage – Graphiques Boursorama

On trouve d’ailleurs quelques jolis acronymes dans le bouquin : IPO = It’s Probably Overpriced, Insiders’ Private Opportunity, Imaginary Profits Only,… Alors évidemment on traitera chaque introduction au cas par cas. Cependant si l’on peut s’en passer, on s’en passera ! Ou alors on peut aussi aller jouer à la roulette tant qu’à faire. Et encore au casino on connaît les probabilités de gagner. En Bourse, rien n’est certain !

Conclusion : Alors encore hésitant à mettre quelques unes de vos piécettes en Bourse pour en reprendre un peu plus dans quelques années ? Ce livre ne peut que vous aider à démarrer ou à renforcer vos connaissances. Un peu de pratique en parallèle est idéal pour bien suivre les multiples exemples et conseils. Bien sûr c’est à vous de franchir le cap. Mais pour la suite, la paire Graham / Zweig vaut le détour ! Un dernier petit conseil, plus personnel celui là : tout comme une entreprise a besoin de liquidités pour tourner et peut aller au crash même en plein essor si le cash vient a lui manquer, il est essentiel de toujours garder une réserve d’argent pour être prêt à investir, notamment en cas de chute brutale des cours de Bourse. Imaginez que vous soyez pris à la gorge et que vous ne vouliez absolument rien vendre. Vous ne pourrez alors pas surfer sur la vague de pessimisme pour acheter à prix réduit et ensuite engranger quelques bénéfices…

2 pensées sur “Etre investisseur ET intelligent ? C’est possible…

  • 12 novembre 2014 à 16 h 07 min
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    C’est quand même dingue qu’un bouquin de 1949 puisse être toujours aussi pertinent de nos jours, belle découverte !

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    • 15 novembre 2014 à 21 h 07 min
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      Oui c’est un peu fou, à l’image de Comment se faire des amis, paru en 1936 et toujours d’actualité aujourd’hui !

      Répondre

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