Smart choices…les décisions « intelligentes » !

Nos décisions sont-elles « intelligentes » ?

Thème : Prise de décision

Titre : Smart choices

Auteurs : Ce livre a été coécrit par 3 auteurs américains, dont John S. Hammond, docteur ayant enseigné au sein des Universités de Harvard et du MIT. Il a également participé à de nombreux articles parus dans la Harvard Business Review, le Journal of Finance ou encore Management Science. Sa place en tant que consultant n’est plus à prouver, vu ses nombreux partenariats établis : DuPont, IBM, General Electric, la Banque Mondiale,…

Ralph L. Keeney, professeur à la Marshall School de Californie du Sud intervient également comme consultant en négociations complexes avec de grandes entreprises comme American Express ou Seagate. Il a un passé d’ingénieur au sein d’une équipe axée sur le décisionnel et le management des risques.

Docteur à l’Université de Harvard, Howard Raiffa a enseigné l’art et la science de la prise de décision pendant 40 ans, au sein des écoles de Sciences appliquées et ingénierie, d’Economie ou encore de Droit. Il a tutoré une centaine de thèses sur le sujet et intervient donc comme expert en la matière dans ce livre.

Ces 3 auteurs font valoir leur expérience cumulée de plus de 100 ans dans le domaine de la prise de décision, gage de confiance et de connaissance forte du sujet !

Date de parution : 1999. Première édition de la Harvard Business School Press.

Nombre de pages : 232 pages.

Temps de lecture : 9h.

L’idée en moins de 60 mots : « Choisir c’est renoncer. » disait André Gide. Alors pour prendre les bonnes directions dans sa vie et ne pas se pénaliser, il est essentiel de décider avec justesse, en évitant les pièges de l’indécision ou de la routine, en enrichissant ses alternatives et en analysant au mieux conséquences, exigences, incertitudes, risques dans une comparaison exhaustive des choix.

décisions
Vos décisions (et celles d’Homer…) sont-elles « intelligentes » ?

3 meilleures citations :

« Quand on se trouve dans une impasse, la meilleure chose à faire est d’arrêter d’avancer. » Warren Buffet

« L’essence même de la prise de décisions intelligemment établies est la projection vers l’avenir. »

« Vous ne comprenez pas réellement les choses tant que vous ne vous êtes pas demandés cinq fois « Pourquoi ? ». »

Notes :

Facilité de lecture : 9/10 – version anglaise ; le style est simple, abordable et clair. Les exemples entrecoupent les arguments avancés. On reprend facilement sa lecture, même après une pause « allongée » de plusieurs jours. Le cheminement des idées est logique et détaillé en fin d’ouvrage dans le « roadmap ».

Dans la tendance actuelle : 8,5/10 – un sujet intemporel, qui est valable pour tous, et à toutes les époques.

Pertinence / Originalité des idées développées : 8/10 – des idées parfois évidentes, mais un rappel des bases est essentiel pour avancer dans ce domaine de la prise de décision et pour mettre en place des concepts plus complexes, comme par exemple le « swap » entre les choix qui s’offrent à nous.

Applicabilité des conseils : 8/10 – le livre est bien structuré et les méthodes sont détaillées une à une, avec à chaque fois des exemples qui se prolongent quelques fois sur plusieurs chapitres, créant ainsi un fil conducteur digne d’une petite histoire !

Note globale : 8,3/10

3 actions retenues :

  • Une des meilleures manières pour étudier si un choix nous convient ou non consiste bien évidemment à essayer l’objet de convoitise ou à se mettre en condition voulue. Cela n’étant pas toujours possible, se projeter dans l’avenir de manière imaginaire est déjà une excellente voie pour y parvenir. On découvrira notamment si notre besoin est réellement satisfait et de plus cela nous permettra de nous poser d’autres questions, peu évidente à 1ère vue.
  • On a très facilement tendance à vouloir confirmer un 1er ressenti en s’appuyant sur un avis que l’on sait dans notre sens, en se voilant une partie de la réalité ou encore en choisissant le choix par défaut (le plus simple à réaliser mais certainement pas le plus payant généralement !). Au contraire il faut faire d’une décision sienne, en rassemblant suffisamment d’informations et d’alternatives pour pouvoir déterminer le moins pire.
  • Pour comparer des alternatives qui ne sont pas mesurables sur les mêmes critères, le principe de l’équivalence est très intéressant : en rapportant ces différentes mesures sur la même échelle, on parvient à établir une hiérarchie claire et ainsi à déterminer le choix adéquat.

Synthèse : Ce livre a été écrit dans le but de nous offrir une aisance lors de nos prises de décisions importantes voire cruciales : faire un choix « intelligent » n’est pas toujours évident, d’autant plus que le résultat ne s’obtient parfois que longtemps après. D’où une progression parfois difficile dans le domaine de la prise de décision (prise de recul difficile).

Le 1er aspect essentiel dans la prise de décision est de savoir où est-ce que l’on va. Cela équivaut à connaître ses objectifs et ses attentes. On trace ainsi l’esquisse du choix qui va être réalisé, en dessinant les contours.

La liberté de choisir

Dans un 2ème temps, il est important de détailler tous les choix qui s’offrent à nous. Certains paraîtront peut-être absurdes à l’instant. Ils le seront peut-être moins par la suite. Tentons donc de ne pas nous tromper sur nos choix disponibles :

  • La routine ou le prolongement de choix habituels peuvent nous orienter dans une certaine direction et nous faire oublier certaines possibilités. A nous d’être créatifs et innovants !
  • Le choix peut également se faire par défaut : en n’ayant pas suffisamment creusé les opportunités offertes, on se ferme de nombreuses portes ! Une décision repose clairement sur celui qui doit choisir, pas sur son entourage.
  • On peut aussi choisir la 1ère possibilité qui nous vient à l’esprit ou qui se propose. On facilite la décision mais on perd évidemment en liberté et surtout en potentiel.
  • L’influence des autres ou de leurs choix est un autre facteur pesant parfois lourd dans la balance. Même si les avis extérieurs sont essentiels dans la prise de décision, celle-ci nous revient toujours au final. Avant de consulter ses proches, il est donc important d’analyser en profondeur la situation.
  • Enfin trop d’attente et d’indécision sont souvent synonymes de réduction des alternatives. Le choix idéal est rapide et orienté.

Avoir toutes les cartes en main

La suite logique de cette analyse en profondeur des choix disponibles réside dans l’enrichissement de ses alternatives : on va donc mettre toutes les possibilités de notre côté avant de réellement trancher sur la direction à prendre.

Les éléments essentiels dans cette étape sont :

  • De se questionner suffisamment, notamment sur la façon d’arriver à nos fins -> « comment… ? »
  • De définir les contraintes réelles et mentales (que nous nous imposons).
  • De fixer la barre assez haute, pour voir plus loin
  • De penser d’abord par soi-même avant de demander conseil par la suite si besoin
  • De se baser sur des expériences similaires
  • De laisser l’inconscient travailler
  • D’être ouvert à toute alternative avant de la juger

Attention chérie ça va trancher…

On pourrait alors se dire : il ne reste plus que la décision à prendre. Il est souvent encore un peu trop tôt pour trancher. Ce n’est pas que nous n’avons pas suffisamment d’éléments entre les mains. C’est plutôt que notre analyse n’est à ce moment pas suffisamment poussée pour pouvoir décider de manière optimale.

La méthode la plus cartésienne consiste à établir un comparatif des possibilités sous forme de tableau/grille pourvue d’échelles chiffrées ou du moins comparables. Etablir une hiérarchie par critère apportera alors une réelle plus-value et certains choix pourront déjà être mis de côté et d’autres s’imposer comme les choix dominants.

Un principe original et très utile dans la prise de décision, que l’on doit aux 3 auteurs de ce bouquin, est celui du « swap », ou de l’échange. Il consiste à ramener des valeurs non comparables -> ex : prix d’achat d’une voiture et durée de garantie, sur des échelles d’équivalence qui permettent de les comparer et de continuer la hiérarchisation des choix. Cela nous permettra donc de mettre en parallèle 2 offres d’emploi dont une qui offre une voiture de fonction comme avantage. A la base la comparaison de la rémunération uniquement sur la base du salaire n’est pas « juste ». Traduire cet avantage en « équivalent salaire » (ici c’est relativement simple puisque c’est le prix de la voiture) permettra donc de déduire quelle offre d’emploi est la plus attractive sur le plan de la rémunération.

Mais même malgré la meilleure des analyses et des grilles de comparaison, un choix reste à faire. Et bien souvent il s’accompagne de son lot d’incertitudes. Il est important de les intégrer dans la prise de décision.

Incertitudes…

Et intégrer les incertitudes dans la boucle de décision revient tout d’abord à définir ces incertitudes : Quelles sont les incertitudes majeures ? Quelles sont leurs conséquences directes ? Quelle est leur probabilité d’occurrence ? Il est intéressant également d’envisager leurs conséquences indirectes. C’est dans cette démarche de description du « flou » existant dans notre boucle de décision que nous parvenons à établir un profil de risque des choix existants. On ne lèvera pas toutes les incertitudes, cependant on parviendra à les cerner et ainsi à avoir les cartes en main pour mieux décider. Cela ne nous empêche pas de tenter de réduire ces incertitudes et ces risques inhérents aux choix faits.

  1. Le risque peut notamment être partagé avec tous les protagonistes d’une affaire. Ça sera toujours mieux que de conserver seul toute la responsabilité des incertitudes.
  2. On peut également réduire le risque en s’informant. Bien évidemment on ne pourra pas attendre éternellement d’avoir une connaissance exacte du sujet, mais le savoir réduit considérablement les zones d’ombre et donc les incertitudes.
  3. Diversifier le risque, à la manière d’investissements financiers, pourra aussi être un moyen de se prévenir d’aléas connus mais non maîtrisés. On cherchera donc à ne pas tout miser dans une seule direction, mais plutôt à répartir nos efforts dans plusieurs voies qui nous semblent être les plus intéressantes et les plus profitables.
  4. Dernier recours : l’assurance. Si certains risques peuvent être maîtrisés, d’autres ne rentrent pas dans cette catégorie. On pourra donc passer par une garantie des efforts engagés, à travers une tierce partie (assureurs, relations,…) qui, en échange d’une rémunération acceptera de subvenir aux aléas.

Pour synthétiser ces différents éléments menant à la décision, on pourra utiliser le schéma suivant, sur lequel on distingue en 1er lieu les choix disponibles (Occurrences), traduits sous la forme de probabilités d’occurrences (données chiffrées ou « ressenties ») ; à travers une courbe de désirabilité (0 % pour la pire des occurrences – 100 % pour la meilleure – autres valeurs à déterminer selon nos attentes) on visualisera nos exigences de résultats, traduits par les différents scores de désirabilité de chacune des possibilités (conséquences). Enfin on sera à même d’obtenir une désirabilité moyenne totale par scénario en réalisant la somme des scores de désirabilité des différentes conséquences induites par ces scénarios.

Décisions

Nous avons maintenant pas mal d’armes à notre disposition pour pouvoir combattre efficacement toute prise de décision qui s’offre à nous. Suffisamment en tous cas je crois pour ne pas faire d’erreurs grossières. Il reste quand même pas mal de situations piégeuses, abordées par le trio d’auteurs, qui pourraient empêcher nos choix d’être vraiment « intelligents »…

Les pièges de la décision

Dans les principales situations difficiles à affronter et auxquelles il faut faire clairement attention on compte notamment :

  1. La confirmation d’une erreur : à la suite d’une mauvaise décision et dans une non-reconnaissance de son erreur, on prend parfois des décisions absurdes qui nous mènent encore plus loin dans l’erreur. Exemple : j’ai pris un abonnement téléphonique chez un opérateur loin d’être une bonne affaire, je prends celui de ma femme chez le même opérateur – tant qu’à faire, autant se faire pigeonner 2 fois !
  2. Le status-quo : on a toujours fait comme ça, alors pourquoi changer ? Ici c’est le règne de la non-décision, puisque l’on choisit par défaut, sans changer d’un poil sa ligne de conduite, sans remettre en cause les choix déjà effectués.
  3. La confirmation d’un présupposé : on a parfois un apriori ou une décision presque faite dans sa tête et s’appuyant sur des éléments insuffisants pour trancher. Rechercher un avis favorable à notre apriori peut être une erreur à ne pas commettre : on ne va pas compléter notre niveau d’information mais au contraire on va s’enfermer dans une des alternatives qui s’offrent à nous.
  4. Considérer le hasard comme une loi mathématique. On peut quelques fois se laisser porter par la chance (au casino notamment !) et croire que finalement, le hasard est bien prévisible, à travers quelques concepts mathématiques bien adaptés. Hélas ce n’est pas le cas puisque le principe du hasard est justement d’être imprévisible… Attention donc à bien distinguer ce qui est prévisible et ce qui ne l’est pas !
  5. L’influence de l’aléa sur son destin : on peut parfois croire à tort que l’on est « béni des dieux » ou au contraire que l’on a la poisse. Cela ne doit pas influer nos décisions, d’autant plus que généralement la chance se provoque en mettant toutes les éléments de son côté ; et la malchance en tant qu’excuse est un choix de ne pas regarder la réalité en face. Soyons donc pragmatiques dans nos prises de décision !
  6. Trop prudent ou trop confiant ? Il n’est pas toujours évident de se placer dans la bonne appréciation des choses, trop souvent influencés par notre positionnement au devant des évènements : trop confiants on peut voir trop grand et trop prudent on peut oublier d’exploiter le potentiel de nos alternatives à 100 %…
  7. L’impact de la formulation. Dans la façon de tourner une expression, il est facile de donner un ton certain et ainsi d’orienter la pensée. L’objectivité peut rapidement être perdue et nos choix s’en retrouveront alors impactées – et surtout influencés.

La mémoire et la gravité de certains évènements peut aussi nous influencer grandement lors de choix à faire : on retiendra plutôt un élément marquant comme un crash d’avion et son lot de victimes plutôt que le nombre de morts annuels sur la route, bien plus important, mais dans la durée. Ainsi on peut vite se laisser influencer par des éléments pas si importants que cela mais qui nous orientent dans une direction sans pour autant que cela résulte d’une quelconque logique.

La conclusion concernant ces situations piégeuses est qu’en ayant un plan d’attaque précis et structuré, en procédant par couches successives (la stratégie d’abord, la tactique puis l’opérationnel, à la manière d’un plan de bataille), en allant à l’essentiel et en gardant à l’esprit les fondamentaux de la prise de décision (analyse des choix, élargissement des alternatives, grille de comparaison, prise en compte des incertitudes, analyse des risques) on met les meilleures chances de son côté pour réaliser une décision optimale.


Conclusion : On retrouve les essentiels de la prise de décision dans Smart Choices, nous permettant de revoir nos méthodes de sélection des meilleures alternatives, que ça soit pour acheter une maison ou pour choisir son futur job. Des techniques efficaces et originales (en tous cas pour moi !) comme celle du « swap » des critères de comparaison des alternatives apportent un réel plus pour progresser dans ce domaine de la prise de décision. A conserver donc dans sa bibliothèque pour consultation sans limite lors des décisions cruciales à prendre.

2 pensées sur “Smart choices…les décisions « intelligentes » !

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