Leçons de survie, par Laurence Gonzales
Deep survival : survie intense !
Thème : L’esprit / La pensée humaine
Titre : Deep survival
Auteurs : Laurence Gonzales est un américain né dans le Missouri. A la fois auteur et consultant-conférencier dans le domaine de la survie et des accidents, il a étudié pendant près de 40 ans toutes sortes d’accidents. Cela lui permet aujourd’hui d’avoir une vision large du sujet et de mieux cerner les rouages intervenant dans les accidents, notamment les causes humaines. Il est lui-même directement témoin d’accidents marquants, comme celui de son père, miraculé de la 2ème guerre mondiale après le crash de son avion militaire en plein territoire français. Toujours dans le domaine aéronautique, Laurence Gonzales a frôlé la mort en 1979 lorsqu’il a refusé de prendre un avion de type DC-10, peu sûr à ses yeux, pour se rendre à Los Angeles et que celui-ci s’est écrasé faisant 273 victimes. Chanceux ? Sûrement oui. Mais pas que…
Date de parution : 2003. Le sujet traité est plutôt intemporel donc toujours bien valable aujourd’hui !
Nombre de pages : 286 pages
Temps de lecture : 11h
L’idée en moins de 60 mots : Dame Nature a presque toujours le dernier mot. Cependant notre survie ne réside pas seulement dans la balance du destin. Notre comportement joue aussi dans les situations très critiques : résistance au stress, prise de décision, concentration,… Etre bon en survie, cela ne s’acquiert pas en un clin d’œil : c’est un travail quotidien, de remise en question, d’humilité, d’adaptabilité.
3 meilleures citations :
« Ne cherchez pas le confort, cherchez la confiance. »
« Restez alerte, gardez votre calme, réfléchissez clairement, agissez de manière décidée. »
« La survie c’est de l’adaptation, et l’adaptation c’est le changement. »
Notes :
Facilité de lecture : 7,5/10 – version anglaise ; j’avais lu pas mal de critiques sur le fil conducteur de ce livre, un peu flou. Il est vrai que les exemples sont multipliés par l’auteur, et certain s’intercalent avant la fin d’autres. Mais avec une lecture attentive et détaillée, on apprend beaucoup et assez clairement. Les exemples sont essentiels sur ce type de sujet où il faut des arguments concrets pour étayer un point de vue.
Dans la tendance actuelle : 8/10 – un sujet intemporel, qui nous suivra toute notre vie ! Peut-être même encore plus valable aujourd’hui où beaucoup de gens vivent en ville et prennent pour acquis les facilités d’une zone urbanisée qui en réalité ne se retrouvent pas dans la nature.
Pertinence / Originalité des idées développées : 7/10 – le sujet n’est pas vraiment très original, c’est plus l’approche qui l’est : tenter d’expliquer pourquoi certains survivent à des situations critiques, d’autres pas, en se basant sur le comportement humain et de manière quasi-scientifique.
Applicabilité des conseils : 7/10 – l’auteur le dit clairement : ce livre tente plutôt de convaincre les plus sceptiques de se mettre sérieusement à l’école de la survie, plutôt que de nous donner les clés pour devenir un crack en gestion d’accidents. Des pistes sont explicitées, à nous de trouver la voie qui nous convient le mieux.
Note globale : 7,4/10
3 actions retenues :
- Celui qui survit c’est avant tout celui qui est malléable et adaptable à toute situation nouvelle. Il est donc essentiel au quotidien de s’efforcer d’adopter une ouverture d’esprit certaine et d’accepter comme challenge toute nouveauté, tout changement.
- Devenir un bon « survivant », cela prend du temps. Et il ne faut pas s’arrêter à cette barrière pour autant : les compétences dans ce domaine viennent en se forgeant une base de connaissances avec des exemples variés d’accidents (aucun soucis pour en trouver !) et de situations à ne pas reproduire pour avoir la bonne réaction le jour où cela sera nécessaire.
- Le danger n’est jamais loin : on peut facilement se croire en sécurité, notamment dans des situations routinières alors que souvent le danger ne guette pas loin. Garder l’esprit alerte et une curiosité permanente permet d’éviter quelques surprises…
Synthèse :
Les accidents pour les nuls
Comment arrive-t-on à l’accident ? Quelles sont les ficelles qui permettent aux conséquences parfois désastreuses de se produire ?
Laurence Gonzales tente d’expliquer cela en explorant les « voies pénétrables » du cerveau et les procédés physiologiques du corps humain qui conduisent nos comportements. Il aborde notamment le sujet du stress, qui se traduit par une forte augmentation de la teneur en cortisol dans le sang et qui indirectement affecte la mémoire et les capacités de réflexion du cerveau. D’où la perte partielle de ses moyens qui apparaît parfois en situation de stress.
Plus globalement, L. Gonzales relie émotions, ressenti et raison aux décisions que nous prenons :
Plusieurs chemins sont possibles avant d’arriver à une décision. Et c’est donc en privilégiant l’apport du ressenti ou de la raison plutôt qu’à travers une décision émanant directement des émotions que l’on peut progresser dans le domaine de la survie. On cherchera ainsi à maîtriser l’origine de nos décisions pour rendre les actions qui en découlent les plus prolifiques possibles.
De manière générale, l’auteur donne une « recette » menant très souvent à des accidents : ils interviennent généralement sur des systèmes aux interactions nombreuses (avec l’extérieur ou interne), pour lesquels une petite variation va engendrer un dérèglement profond et des conséquences graves. C’est très bien résumé par l’expression de « l’effet papillon » ou encore par la seconde loi de la thermodynamique sur l’entropisme… Comme le dit Laurence Gonzales, les difficultés « commencent lorsque la réalité ne colle pas avec les plans ».
De plus dans les situations critiques, une bonne partie de nos capacités sont brusquement annihilées – comme en cas de stress (voir plus haut) – et ce sont donc nos instincts qui prennent le dessus ou du moins les réactions que nous avons pratiquées au préalable. Les situations nouvelles sont beaucoup plus dures à gérer ! L’écart entre perception et réalité peut en effet être important, en grande partie à cause de notre cerveau, de ses limites et de sa gestion des priorités.
Voyons donc maintenant comment nous sortir de ce pétrin…car rassurons-nous les solutions en survie existent belles et bien.
Mode Survivor : activé
La 1ère étape essentielle dans une « survie réussie » consiste à accepter notre situation. En refusant de voir la réalité telle qu’elle est, nous ne ferons qu’aggraver la situation et descendre sur la pente de la spirale infernale vers la mort. L’acceptation c’est ce qui différencie une future victime d’un probable survivant.
OK tout cela c’est du joli me direz-vous, mais l’acceptation quand on va se crasher en avion c’est pas ce qu’il y a de plus simple quand même ?
Effectivement. Et pour accepter facilement, il faut savoir s’adapter facilement. « Voir où est l’erreur et s’adapter » dit l’auteur. On tentera donc avant tout de ne pas se mentir sur ses erreurs, mais plutôt de prendre la situation comme telle et de trouver une solution à toute nouvelle situation. Cela peut se pratiquer sur toute situation quotidienne nouvelle : soyons ouverts au changement – pas au sens « campagne politique »… Etre prêts à relever de nouveaux défis, accepter de tenter de nouvelles expériences,…cela nous conduira également à accroître notre confiance en nous, élément indispensable pour « mieux survivre ».
Autre chose importante dans la survie et la gestion de crise, c’est une focalisation très forte sur l’instant présent. Le passé ne peut vous garantir de sortir vivant d’une situation critique. Il peut seulement vous faciliter la tâche, en apportant des repères, une expérience.
Je terminerai ce guide de bonnes pratiques par une liste proposée par l’auteur de très bons conseils à user sans limite pour apprendre à survivre :
- Croyez la réussite possible et soyez hyper attentif, vigilant car la survie passe par là
- Restez calme, et si possible dédramatisez toute situation, avec humour
- Soyez organisé, planifiez votre survie. Le désordre n’arrangera rien…
- Décidez-vous : la survie passe par l’action, pas par la passivité !
- Avancez petit succès par petit succès
- Soyez lucide : vous êtes encore en vie, c’est déjà pas si mal…
- Prenez du recul et occupez votre esprit (chant, pensées lointaines,…)
- Voyez la beauté dans ce qui vous entoure : tout n’est pas si « noir »
- Soyez fort : devenez le survivant qui sommeille en vous
- Faites le nécessaire, soyez déterminé
- N’abandonnez jamais : vous êtes le seul maître à bord !
Conclusion : un récit très intéressant et très différent de ce que j’ai pu lire ces derniers temps (beaucoup plus tournés « business ») et qui nous concerne tous : survivre. Encore plus vrai de nos jours où tous nos besoins vitaux sont pourvus facilement en milieu urbain, il est parfois très compliqué de se retrouver seul en situation de détresse en pleine nature… Une seule solution : humilité et adaptation. C’est en tous cas les deux mots forts que je retiendrai de ce livre, bien écrit, très fourni en exemple. On retrouve bien là la plume d’un auteur américain… A lire à tout âge, à tout moment. Avant de mourir de détresse si possible !