Le stoïcisme : A guide to the good life, de William B. Irvine

A guide to the good life : le stoïcisme

Thème : Progression personnelle

Titre : Le guide d’une vie réussie (ma traduction du titre) – Titre original : A Guide To The Good Life

Auteur : William B. Irvine est un américain né dans les années 1950. Il est docteur en philosophie, diplômé de l’université UCLA de Los Angeles, et enseigne à la Wright State University de Dayton dans l’Ohio depuis 1983. Il a publié plusieurs ouvrages « grand public » et se distingue ainsi de ses pairs dans le domaine de la philosophie qui écrivent généralement à l’intention d’autres experts en la matière.

Stoïcisme
Marc-Aurèle
Photo de Renaud Camus

Dans ses livres, William B. Irvine nous fait donc part à la fois de ses recherches et de ses acquis dans de nombreux domaines de la philosophie, ainsi que de son expérience concrète des méthodes proposées, mises à l’épreuve dans sa vie quotidienne, pour progresser vers la voie de la sagesse ! Car c’est bien cela la philosophie : philo = amour, sophos = sagesse, savoir.

Date de parution : 2009 – pas de version française à ce jour

Nombre de pages : 283 pages

Temps de lecture : 9h

L’idée en moins de 60 mots : Le stoïcisme, ce n’est pas le choix drastique d’une vie d’ascète, sans plaisir, sans émotion. C’est une porte ouverte sur le bonheur perpétuel, la sérénité et une vie simplifiée, notamment en désirant ce que l’on a, n’étant pas décontenancé(e) par ce que nous ne contrôlons pas, recherchant les piliers du bonheur et non la richesse ou la gloire.

3 meilleures citations :

« Une des raisons pour laquelle les enfants sont capables d’être joyeux est le fait qu’ils ne prennent quasiment rien pour acquis. Pour eux, le monde est véritablement nouveau et surprenant. »

« La nature humaine est très similaire à celle des abeilles. Une abeille n’est pas capable de vivre seule : elle périt si elle reste isolée. » – Musonius

« Dans notre jeunesse, parce que nous considérons que nous vivrons éternellement, nous faisons de nos jours des choses acquises et par conséquent nous en gaspillons beaucoup. Quand nous sommes vieux, cependant, se réveiller chaque matin peut être un évènement à célébrer. »

Notes :

Facilité de lecture : 8,5/10 – bien sûr en anglais, cependant le contenu est très accessible pour quelqu’un qui ne baigne pas quotidiennement dans la philosophie. Les termes employés sont simples et cela n’enlève rien à la richesse des idées développées.

Dans la tendance actuelle : 9/10 – comme le démontre l’auteur, bien que les jours de gloire du stoïcisme remontent à bien longtemps, les fondements de cette école de vie sont facilement applicables aujourd’hui et cela intègre bien les préoccupations actuelles : ultra-consumérisme, stress quotidien, appât du gain,…

Pertinence / Originalité des idées développées : 9/10 – William B. Irvine nous livre SA vision du stoïcisme. Il ne tente pas de nous enrôler dans une secte, ni de nous tromper sur le sens de cette philosophie. A chacun d’aller approfondir sa connaissance du stoïcisme. Ce bouquin reste un très bon guide du stoïcisme pour les nuls !

Applicabilité des conseils : 8/10 – en divisant son livre en 4 parties : l’histoire, les fondements, les conseils pratiques et la mise en application dans notre vie courante, l’auteur répond clairement à nos attentes en matière de transfert vers notre cas personnel. Il ne reste plus qu’à tester !

Note globale : 8,6/10

3 actions retenues :

  • La 1ère étape consiste à se fixer un objectif global de vie, une philosophie. En effet sans cela, nous sommes dans l’incapacité de nous fixer des objectifs à court terme qui permettent une réel progrès, nous avons du mal à prendre des décisions et nous pouvons passer toute notre vie sans lui donner un réel sens. Cela peut tenir en une phrase simple -> aider les plus démunis, apporter des découvertes déterminantes à la société,…
  • En prenant des mini-pauses régulièrement pour apprécier ce que l’on fait, imaginer si l’on avait plus moyen de le faire (manque matériel, impossibilité physique, raison financière, vie dans une autre culture, un autre pays,…), on prend clairement conscience de la chance de pouvoir être là, à faire ce que l’on fait (visualisation négative). De même pour les personnes qui nous sont chères : elles pourraient ne pas exister, avoir déjà disparu,… Sans pousser cette technique jusqu’à la souffrance, elle nous permet de désirer ce que l’on a déjà. C’est une première – grande – marche vers le bonheur perpétuel.
  • Cherchons à impacter ce sur quoi nous avons un impact potentiel ! De la même manière que nous recherchons parfois le meilleur rapport qualité/prix, lors du choix de nos actions à mener, cherchons celles qui peuvent avoir une réelle influence tout en minimisant le coût/l’effort fourni. Des actions impactant le passé ou le présent (au sens l’immédiat) sont par exemple inutiles. De même des efforts orientés vers ce que nous ne contrôlons pas du tout auront bien moins de chance d’être payantes que des efforts sur ce que nous contrôlons totalement.

Synthèse :

Nous tenons là un véritable cours accessible et applicable à tous sur ce courant de philosophie qu’est le stoïcisme. Le livre est segmenté en 5 grandes parties : une introduction, un rappel de l’origine historique du stoïcisme, une partie sur les fondements du stoïcisme, une autre sur les plus apportés pour différentes situations de la vie et enfin un mode d’emploi pour notre quotidien.

Introduction

Il démarre de manière forte, en abordant la vie au sens global : quel est son sens ou plutôt quel sens lui donne-t-on ? A-t-on un objectif de vie ? Si oui, tant mieux. Sinon, cela ne peut qu’être bénéfique pour nous d’en fixer un (ou plusieurs d’ailleurs). C’est effectivement la colonne vertébrale de notre vie, qui permet d’orienter plus facilement nos actions, de décider plus aisément, d’évaluer nos progrès,… Donc quel que soit notre choix de philosophie de vie, l’auteur nous recommande vivement de prendre un peu de temps pour songer au titre que l’on apposerait sur notre CV en fin de vie : « Sans but précis – homme polyvalent » ou plutôt « Personne socialement engagée à améliorer la qualité de vie de ses concitoyens » ? A vous de choisir…

La leçon d’histoire

Puis vient la leçon d’histoire sur les origines du stoïcisme. C’est après la mort du célèbre Socrate qu’intervient la naissance de ce mouvement. Les élèves de Socrate ont choisi des orientations différentes en fondant plusieurs écoles de philosophie en Grèce : l’Académie de Platon, l’école des Epicuriens d’Epicure ou encore les Cyniques fondée par Antisthène. C’est en découvrant ce petit monde que Zénon de Cition (333-261 avant J.C.) a décidé de créer sa propre école pour attirer les étudiants vers lui. Ayant en effet suivi les cours des Cyniques, qui tirent leur nom de leur lieu de rencontre, Cynosarges, Zénon recherche plus de théorie que ce qui est proposé par les enseignements des Cyniques. Il s’écarte donc de leurs objectifs de recherche de l’ascétisme à son plus haut point, à travers la réduction voire l’absence de désir (pas de colère, de honte, ni d’envie) ainsi que la plus grande simplicité (dormir à même le sol,…). Et il propose plutôt une vision plus modérée, cependant sans provoquer un attachement trop fort aux plaisirs et aux bonnes choses. C’est une sorte de « Pimp my school », en modernisant les piliers de l’Académie de Platon, avec comme ligne directrice la volonté de vivre en accord avec la nature, avec notre nature. Cela plaît plutôt bien jusqu’à l’ère du monde romain et les stoïques les plus connus sont à ce jour Sénèque, Catilina, Musonius Rufus, Epictète et Marc-Aurèle, dont le décès scelle le déclin de ce mouvement.

Les essentiels du stoïcisme

Venons en au point principal de ce livre : les essentiels du stoïcisme, ou comment comprendre les basiques de cette philosophie en accéléré. Cela tient en 5 grandes idées :

La visualisation négative

En imaginant des évènements potentiels qui pourraient nous impacter négativement, comme la perte d’objets, de privilèges, de personnes chères ou comme des accidents en tous genres, sans pousser l’exercice jusqu’à l’inquiétude et la paranoïa, on ressent assez facilement la chance que l’on a d’être ce que l’on est et de posséder tout ce que l’on a. Cela permet d’éviter de vouloir toujours plus en ne considérant pas comme acquis notre quotidien (personnes, matériel, services,…), mais plutôt en désirant ce que l’on a déjà.

La dichotomie du contrôle

Tous les évènements nous concernant peuvent se détailler en évènements que l’on maîtrise et en évènements que l’on ne maîtrise pas.

Ainsi on arrive à obtenir trois types d’actions nous concernant :

  1. Des actions sur des choses que l’on ne maîtrise pas du tout, dont il vaut mieux éviter de se préoccuper étant donné notre absence d’impact. Ex : notre volonté qu’il fasse beau temps.
  2. Des actions sur des choses que l’on maîtrise totalement ; celles-ci sont à privilégier car notre investissement est « rentable ». Ex : notre volonté de se mettre à la course à pied.
  3. Des actions sur des choses que l’on maîtrise partiellement. On doit également focaliser notre attention sur celles-ci car elles sont majoritaires dans notre vie, en conservant un objectif sur la partie que l’on maîtrise. Ex : notre volonté d’être élu président de la République (cela dépend à la fois de nous et des électeurs).

Le fatalisme

Les stoïques ne prônent pas l’inaction générale en laissant faire le destin ! Similairement à la dichotomie du contrôle, ils proposent de se focaliser sur ce qui est influençable : le futur/l’avenir. En effet le passé et le présent immédiat ne varient pas selon nos décisions et nos actions. Certains disent aussi que le futur est déjà déterminé par le destin. Mais même dans ce cas de figure, nous pouvons donner notre maximum pour obtenir certains choses et orienter notre vie dans la bonne direction.

Les situations d’inconfort / Le déni de soi

De la même manière que pour la visualisation négative, en s’exerçant à des mini-situations d’inconfort, comme par exemple avoir froid, avoir faim, avoir soif, être sous stress de manière inhabituelle, on pourra ensuite apprécier plus intensément notre confort quotidien. On se prépare également à des situations futures imprévues qui pourraient nous surprendre si l’on ne fait pas cet effort de recherche d’inconfort.

La méditation

Pour faire fructifier tous les points évoqués, la méditation vient jouer le rôle de ciment (ou de clé de voûte, c’est comme on veut !) en permettant de faire le point régulièrement, de prendre le temps d’analyser nos comportements, nos progrès, nos échecs, nos objectifs. On retrouve ici des éléments communs avec le bouddhisme.

La mise en pratique

Nous voici arrivés à la partie plus pratique de mise en situation des piliers du stoïcisme évoqués à l’instant.

Le point de départ est le fait que la plupart d’entre nous sommes plus ou moins des hédonistes, dans notre volonté de rencontrer le plus de plaisirs possibles, d’aller de satisfaction en satisfaction. L’objectif final des stoïques est d’atteindre un état de sérénité et de bonheur permanent, en limitant nos désirs et nos sentiments incontrôlés comme la haine. Le chemin vers la tranquillité divine est peut-être long mais tellement gratifiant !

Voici différentes situations rencontrées dans la vie par tous sur lesquelles William B. Irvine nous propose des solutions concrètes grâce au stoïcisme :

Dans nos relations sociales, l’objectif est de rechercher à respecter notre nature d’homme, qui consiste à rechercher la servitude et l’harmonie globale, autrement dit à être bon envers les autres et à participer à la bonne entente générale. Pour cela il est idéal de bien choisir ses relations et de garder à l’esprit l’idée de Musonius que « peu de gens sont plus heureux qu’une personne qui a une épouse qui l’aime et des enfants adorables ».

  • Une situation commune à nos vies sociales est celle de l’insulte : le stoïcisme y répond en invoquant le « jeu » des insultes : l’objectif est de prendre à la légère et avec du recul et humour ces noms d’oiseaux qui existent que pour nous faire sortir de nos gonds. De plus si quelqu’un opposé à nos idéaux nous insulte, cela vaut mieux pour nous que s’il nous complimente, non ? (cela voudrait dire que nous sommes dans une impasse !)
  • Pour remédier aux situations de douleur et de peine, la dichotomie du contrôle peut nous aider à relativiser. Une préparation préventive (similaire aux vaccins) peut être obtenue grâce à la visualisation négative et à l’expérience de l’inconfort. Enfin aider les autres dans leur détresse nous aide également à progresser dans ce domaine.
  • Abordons maintenant la colère : c’est un sentiment et une expression de soi de laquelle nous sommes généralement le grand perdant ! Mieux vaut donc orienter tout notre corps (esprit, souffle, mouvements) vers le sentiment opposé de détente et de sérénité. Avec un peu de persévérance et à l’aide d’excuses envers les autres, on peut s’en sortir.
  • Dans la catégorie des désirs perpétuellement renouvelé des hédonistes, ceux de célébrité et de richesse reviennent très souvent. Le stoïques – et les autres aussi d’ailleurs – peut s’en sortir grâce à de la visualisation et de l’imagination : que se passerait-il si le rêve venait à se réaliser ? Serions-nous plus heureux ? Combien de temps cela durerait-il ? Tous ces efforts valent-ils la peine pour si peu de réconfort ?
  • Enfin, en avançant dans la vie, la situation de vieillesse puis la mort sont abordées. Je résumerai les idées développées à l’aide de la citation suivante de Sénèque : « Chérissons et aimons la vieillesse ; car elle est pleine de plaisirs si l’on sait la manier. » De plus, le meilleur de la vie se tient «  quand elle est sur la pente descendante, mais n’a pas encore atteint le déclin brutal ».

Conclusion : Je ne peux que vous inviter à lire ce livre qui est une excellente surprise. Je n’étais pas très loin des présupposés sur le stoïcisme auxquels l’auteur fait référence et j’ai donc énormément appris. Cependant je me rends compte que cette philosophie de vie est très accessible. Certains exercices sont à essayer sans plus attendre. Je suis d’ailleurs persuadé que beaucoup sont un peu stoïques sans le savoir ! A lire au moins une fois dans sa vie, on peut sauter la partie historique pour se concentrer sur les fondamentaux si l’on veut aller à l’essentiel…

6 pensées sur “Le stoïcisme : A guide to the good life, de William B. Irvine

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